Le web 2.0 est-il incapable de sortir un service en version 1.0?
Y a-t-il un paradoxe du web 2.0, celui de sortir tous les services en “beta”?
Ce courant existe-t-il uniquement pour profiter de l’engouement des acteurs majeurs pour les services “beta” (Google, Yahoo, MSN, Flickr, etc.), les services “beta” étant les fils naturels du concept des Google Labs?
L’idée est-elle de profiter ainsi de l’attrait des journalistes et newsers de tous bords pour ce terme, et ainsi de s’assurer une couverture médiatique rapide et à peu de frais? Est-ce une tentative de rentabiliser les investissements le plus tôt possible, en ouvrant et en assurant la promotion de services non finalisés, mais globalement fonctionnels à au moins 80%? Une conséquence de la complexité croissante des projets informatiques, toujours plus longs à réaliser, débugger et finaliser?
Le web, c’est la solution miracle pour ne jamais “finir” un produit ou un service, en perpétuelle ‘amélioration’.
Concept attrayant, mais au final, le ressenti de l’utilisateur est le suivant: le produit ou service n’est jamais finalisé. Cela n’est pas propre aux services web purs: les mêmes phénomènes sont apparus dans l’industrie du jeu vidéo, avec le concept de v1.0 bugguée nécessitant dorénavant le téléchargement systématique de patch(s) correcteur(s) -quand il ne s’agit pas de passages entiers du jeu qui n’ont pu être bouclés pour la sortie du jeu-.
L’utilisateur n’a plus de produit fini et final, mais un service en constante évolution, toujours possible à marketer et à vendre par petits bouts successifs, permettant d’obtenir une flux de revenus continu, même de faible niveau unitaire.
Ce phénomène s’étend dans des domaines toujours plus nombreux: jeux vidéos loués à la durée, jeux vidéos vendus par épisodes, et, en sortant de l’univers informatique, on peut faire le parallèle avec l’automobile, qui n’est plus le secteur de la vente de véhicules, mais bien celui de la vente de prestations de mobilité. Après tout, quand on peut ‘louer’ une voiture en leasing, pourquoi l’acheter et subir les conséquences directes de l’obsolescence?